Je pensais"NON", maintenant je vote "OUI" : un choix pour l’avenir du Gabon

Un électeur qui a changé son choix de vote, passant du "NON" au "OUI", pour le Référendum 2024 nous explique son choix et les raisons qui le pousse à voter ainsi.

11/14/20243 min read

Le référendum constitutionnel qui s’approche marque un tournant décisif pour notre pays. Alors que j’avais initialement décidé de voter "NON", des révisions substantielles et une réflexion approfondie m’ont convaincu de changer de position. Ce changement n’est pas le fruit d’un simple revirement, mais d’une évaluation rigoureuse des implications de cette nouvelle Constitution pour l’avenir du Gabon et pour la dignité de chaque citoyen.

Pourquoi j’ai initialement dit "NON"

Ma première lecture de l’avant-projet de la nouvelle Constitution m’avait profondément inquiété. Bien qu’il comportait des avancées par rapport à la Constitution en vigueur – largement dénaturée par les multiples modifications arbitraires du pouvoir déchu – certains articles allaient à l’encontre des principes fondamentaux d’égalité et de justice.

En effet, le texte initial introduisait une discrimination flagrante : tous les citoyens ne pouvaient pas aspirer aux mêmes postes, remettant en cause l’égalité devant la loi. Comment envisager un avenir uni pour le Gabon si les bases mêmes de cette unité sont fragilisées par de telles exclusions ?

Face à cette injustice, ma décision de voter "NON" était une prise de position en faveur d’un Gabon égalitaire. Il était impensable pour moi de soutenir un texte qui creusait les divisions dans notre société.

Pourquoi je vote "OUI" aujourd’hui

Depuis lors, des modifications significatives ont été apportées au texte. Les autorités de transition ont entendu les préoccupations des citoyens et ont travaillé à y répondre. Ces ajustements ont transformé un projet imparfait en une base solide pour la construction d’un Gabon plus juste et démocratique.

Bien que cette nouvelle Constitution ne soit pas parfaite, elle constitue un pas décisif dans la bonne direction. La démocratie est un processus évolutif, et cette réforme offre des outils essentiels pour redonner au peuple gabonais sa souveraineté et bâtir un futur fondé sur des valeurs de justice et d’égalité.

Les avancées majeures de cette nouvelle Constitution
  1. Renforcement de l’indépendance judiciaire

    • L’une des failles de l’ancien système résidait dans l’instrumentalisation de la Cour Constitutionnelle par le pouvoir en place. Le projet actuel corrige cette dérive :

    • Le mandat des juges sera limité dans le temps, garantissant ainsi un renouvellement régulier.

    • Le président de la République ne désignera plus le président de cette Cour, un changement clé pour assurer une justice plus indépendante.

      Ces réformes posent les bases d’une justice équitable, bien qu’elles nécessitent, pour porter leurs fruits, une gestion honnête et transparente.

  2. Mandat indépendant des députés

    • Autre avancée notable : un député qui quitte son parti conservera son mandat, renforçant ainsi son rôle de représentant du peuple, et non d’un groupe politique. Cette réforme replace l’élu au service de ses électeurs, une évolution cruciale pour restaurer la confiance des citoyens dans leurs institutions.

  3. Limitation des mandats présidentiels

    • Le chef de l’État ne pourra exercer plus de deux mandats successifs de sept ans, et cette règle devient intangible. Ce verrouillage prévient les abus du passé et marque une avancée démocratique majeure pour le Gabon.

  4. Restitution du pouvoir au peuple

    • La nouvelle Constitution consacre le référendum comme mode de modification de la loi fondamentale, rendant au peuple sa souveraineté. Cette avancée est une réponse directe à l’héritage du pouvoir déchu, où les décisions cruciales étaient imposées sans consultation populaire.

  5. Assouplissement des conditions d’éligibilité

    • Désormais, un seul parent né gabonais est requis pour être éligible à la présidence. Ce changement, bien qu’imparfait, marque une avancée par rapport à la discrimination du texte initial.

Une base pour un Gabon nouveau

Je ne prétends pas que cette Constitution soit parfaite. Elle est le fruit de compromis et reflète encore certaines limites. Cependant, elle représente une rupture essentielle avec un passé où le pouvoir servait des intérêts privés au détriment du bien commun.

Nous avons vu un coup d’État enlever la dictature des Bongo, mais le vrai défi reste devant nous : transformer les mentalités et démanteler l’emprise du parti État sur notre pays. Cela exige une classe politique rénovée, un fonctionnariat au service de la nation et une vigilance citoyenne permanente.

Regarder l’avenir avec espoir

Voter "OUI" ne signifie pas abandonner la critique ou accepter un statu quo. Cela signifie reconnaître les avancées, aussi modestes soient-elles, et s’engager activement à construire un Gabon où chaque citoyen, chaque travailleur, se met au service de l’État, et non d’intérêts partisans.

Ce référendum est une opportunité pour le peuple gabonais de reprendre en main son destin. C’est avec cette conviction que je change mon "NON" en un "OUI", car je crois en un Gabon où la démocratie, bien que lente et imparfaite, finira par triompher.

Henri-Stéphane IBINGA